Le skit du saint Esprit est un site architectural habité par des moines de l’Église orthodoxe russe. Le nom « skite » est la forme qu’a prise le mot Scété, endroit du désert d’Égypte où saint Macaire instaura au IVème siècle une forme de monachisme chrétien qui depuis s’est perpétuée dans tous les autres skits orthodoxes. Lieu intermédiaire entre un ermitage et un monastère cénobitique, un skit est toujours habité par un très petit nombre de moines.
Celui du Mesnil Saint Denis a été fondé en 1934 par le père André Serguienko (1902-1973). Après 1945, le père André transmit la direction du skit au père Serge Schevitch (1904-1987) dont l’un des fils spirituels, le père Grégoire Krug (1908-1969) couvrit de fresques l’intérieur de l’église. L’œuvre que ce moine peintre d’icônes a laissé, tant ici, où il est enterré, que dans d’autres églises est, avec celle de quelques autres iconographes, à l’origine du retour à la tradition de l’âge d’or de l’iconographie russe et, de ce fait, le skit du Saint Esprit est devenu un lieu connu dans les milieux religieux internationaux. Sa renommée vient aussi du fait qu’il est le plus ancien des rares skits en activité en Europe occidentale. Enfin, l’ensemble du site architectural dû, à l’exception de la partie centrale de l’église, au père Barsanuphe, moine depuis 1964 au skit du Saint Esprit dont il est actuellement responsable, provoque l’admiration unanime des visiteurs.
Au-delà du proche d’entrée monumental surmonté de trois bulbes verts, de la couleur du Saint Esprit, le baptistère et l’église dressent leurs coupoles au milieu des arbres, dans une harmonie parfaite.
Le baptistère (ou « fial ») achevé en 1988 pour commémorer, au nom du Patriarcat de Moscou, le millénaire du baptême de la Russie, est conçu dans le style propre du monastère Saint-Pantéléimon du mont Athos, avec lequel le skit est très lié ; comme lui, il offre une architecture où la tradition byzantine, représentée par un dôme d’où se détachent des arcades, se marie avec le style russe caractérisé par le bulbe doré.
Au-dessus du clocher à triple arcade et des trois parties de l’église c’est-à-dire d’ouest en est : le narthex, la nef et le sanctuaire, six autres bulbes bleus s’élèvent vers le ciel.
A l’intérieur de l’édifice, on retrouve la disposition commune à toutes les églises orthodoxes ; l’iconostase, paroi couverte d’icônes reliant la nef au sanctuaire, est ici un mur porteur en maçonnerie sur lequel le père Grégoire a peint une Déésis (« Intercession ») représentant en grandeur humaine le Christ entouré de la Mère de Dieu, saint Jean-Baptiste, les archanges Michel et Gabriel et les apôtres Pierre et Paul. A droite et à gauche des portes Royales, où sont peintes l’Annonciation et les quatre évangélistes, se trouvent les fresques du Christ et de la Mère de Dieu et celles de la Transfiguration et de la Théophanie. Au fond de l’abside, une grande fresque représente la Pentecôte.
Toutes les fresques et icônes sur bois du père Grégoire qui ornent l’église sont remarquables par leur beauté théologiquement pure et par leur douceur infinie. L’église contient aussi d’autres belles icônes peintes par un moine du skit qui a continué l’œuvre du père Grégoire.
Cette beauté, aussi bien des icônes et des fresques que de l’architecture participe éloquemment à ce qui peut être considéré comme la vocation du skit du Saint Esprit. Cette vocation, essentiellement monastique, est de diffuser la connaissance de l’orthodoxie en France, sans aucun prosélytisme, par l’accueil de tous ceux qui désirent s’informer, par l’écoute de ceux et celles qui sont en recherche intérieure, par la publication et la propagation d’albums de reproductions, par la participation à des rencontres avec les autres chrétiens et les représentants des autres religions, en entretenant des relations avec d’autres communautés monastiques orthodoxes. Cette vocation a conduit à la fondation de plusieurs lieux monastiques (un créé par des membres du skit dans les Alpes de Haute Provence, d’autres, en Charente, dans le Cantal et dans les Landes, habités par des filles spirituelles devenues moniales, et même la création par l’un des moines du skit d’un monastère d’hommes en Allemagne).
Par-dessus tout, ce qui fait la fidélité du skit à sa vocation est la pérennité des offices liturgiques, ininterrompus depuis son implantation, même si maintenant, ils sont limités, à cause des fondations, à une seule liturgie eucharistique par mois.